Plus rarement appliqué à de petits programmes, le BIM
a été mobilisé, ici, dans le cadre de la réhabilitation/
extension d’une maison individuelle construite dans les
années 1960, avec pour principal objectif l’atteinte du
label EnerPhit. Ce projet a été primé au BIM d’argent.
REXIle-de-France
Les outils du BIM
La boite à outils utilisée par Laurence Bonnevie, architecte et fondatrice de l’agence No Man’s land, pour mener à bien ce projet comprend de nombreux logiciels, généralistes et spécialisés, avec au centre la maquette REVIT et la plateforme collaborative BIM 360 : « Pour modéliser, on part du principe de nuage de points, a expliqué, images à l’appui, l’architecte. On scanne tout, l’environnement et l’intérieur du bâtiment, puis on le modélise, ce qui nous permet ensuite de travailler de façon efficace sur les réseaux de double flux. » Une fois la maquette ainsi renseignée, le calcul des quantités de gaines se fait par exemple automatiquement. De formation en formation, d’identification de nouveaux besoins en découverte de nouveaux logiciels, l’équipe du projet s’est progressivement dotée de nouveaux outils, finissant ainsi par travailler en BIM 3 ou full BIM, « grâce à un système de plug-in qui nous évite de sortir de la maquette, s’est réjoui Laurence Bonnevie. Tous les acteurs, même s’ils faisaient principalement partie de notre agence, ont ainsi pu travailler sur la même maquette, sans risquer de perdre des informations. » Parmi les nombreux logiciels utilisés sur ce projet (Archiwizard, PHPP, BIM2PH...), la solution de modélisation des simulations thermiques proposée par NUMFEM s’est révélée particulièrement innovante : « Elle permet de voir comment la chaleur va de l’intérieur vers l’extérieur, a décrypté Hamid Badi, co-fondateur de la startup NUMFEM. Les couleurs qui apparaissent montrent les faiblesses thermiques, l’intensité et le sens des déperditions. » De quoi estimer – et aider à améliorer - la qualité de l’isolation.
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Après une phase de tâtonnement pour trouver les bons outils, les équipes ont dû se former. D’autant plus que « le Covid-19 nous a obligés à atteindre une meilleure appropriation des outils BIM, a confié l’architecte. Nous avions commencé avec des systèmes collaboratifs détachables, puis nous avons basculé vers une plateforme BIM 360, ça a été une révélation pour amorcer un véritable travail collaboratif. » Tous les acteurs se retrouvant sur cette plateforme, ils n’ont plus eu besoin de réaliser d’export et ont ainsi limité au maximum la perte d’information. La performance de la solution NUMFEM dépend de la qualité de la maquette, de la précision des informations qu’elle renferme : « Il faut que le travail des architectes soit précis, a reconnu Laurence Bonnevie. Si la modélisation est fausse, le calcul des ponts thermiques l’est aussi et il faut être capable de voir qu’il y a une erreur. » Cela exige de s’entendre sur une Charte pour cadrer les outils et les process, mais cela dépend aussi des informations qui sont partagées par les fabricants, ceux de fenêtres par exemple : « Il faut que les industriels jouent le jeu du « I » de « information » préconisé par le BIM », a souligné Hamid Badi.
Quels bénéfices au final ?
La modélisation de l’intérieur mais aussi de l’extérieur du bâtiment a été utile à la réalisation d’images de synthèse, qui donnent à voir le projet dans son environnement. La modélisation initiale des réseaux de gaines et de tuyauterie génère un véritable gain de temps, les quantités nécessaires étant calculées de façon automatique par la maquette, cela évite les ressaisies. « Il suffit d’un clic pour faire les calculs de déperdition de chaleur, contre une heure de saisie, sans le BIM », a donné pour exemple Hamid Badi. Comme souvent, les acteurs du projet ont aussi souligné que le BIM permettait de limiter les surprises au moment du chantier.
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ Le recours à de nombreux outils BIM pour améliorer la stratégie d’efficacité thermique du bâtiment
+ L’efficacité de la plateforme BIM 360 pour initier un véritable travail collaboratif
+ Gain de temps en phase de conception et de chantier
+ La possibilité de générer des images de synthèse à partir des nuages de points
LES -
_ Coûts d’achat des logiciels et du matériel.
_ Les freins liés aux erreurs de modélisation et à la rétention d’information de la part des fabricants
UNE QUESTION DE LA SALLE
Comment élargir votre démarche pour qu’elle associe des acteurs extérieurs à votre agence, conformément aux principes du full BIM ?
Comme nous assumons la quasi-totalité des rôles, un seul
bureau d’études extérieur est intervenu sur la maquette, a
reconnu Laurence Bonnevie. Mais il n’empêche que nous étions
nombreux à travailler sur la même maquette, en interne, avec
différentes casquettes : thermiciens, économistes... maintenant,
il faut que nous soyons capables d’associer d’autres acteurs,
extérieurs.