Au fil des différentes étapes du REX BIM Tour, la formation, initiale et continue, s’est
imposée comme l’une des conditions de réussite du BIM. La table-ronde virtuelle du
18 juin a été l’occasion d’échanges intéressants sur le sujet, entre maîtres d’ouvrage,
maîtres d’oeuvre et entreprises de la construction.REXZoomTable ronde
État des lieux : quel est le niveau de connaissance des acteurs ?
Une évolution qui va dans le bon sens
Engagé dans l’aventure du BIM depuis 2014, le Conseil régional Auvergne Rhône Alpes multiplie, depuis, les projets, avec pour ambition de contribuer à la montée en compétences de ses partenaires. « Le premier projet porté par la Région nous a permis d’expliquer nos attentes, a témoigné Gilles Bereta, de la Direction de l’éduction et des lycées de la Région. Les questionnements étaient alors assez naïfs ; puis, les mois passant, les problématiques ont été mieux connues. Aujourd’hui, quand on parle d’IFC, de base de données, d’échange de process, c’est de plus en plus naturel. » Le niveau reste cependant hétérogène entre les acteurs, ce qui oblige les « sachants » à faire de la pédagogie : « On doit passer par des réunions d’information, avec des explications à la fois sur les outils et sur la méthodologie », a indiqué Gille Bereta. D’une manière générale, « les bureaux d’études ont une longueur d’avance, a constaté Antoine Château, délégué régional Auvergne Rhône Alpes de l’OPCO-ATLAS. Mais il faut maintenant que tous les intervenants puissent être formés. Il y a un gros travail à faire, y compris avec d’autres branches, notamment le BTP. » « C’est intéressant de voir les réactions évoluer, a conclu, optimiste, Gilles Bereta. Les gens prennent conscience que le BIM, ce n’est pas qu’un outil informatique, mais aussi un moyen de capitaliser sur les connaissances des collègues » De quoi susciter une envie de BIM.
Sur le terrain : quels besoins de formation ?
Au-delà du maniement d’un logiciel…
Maîtriser le BIM ne se limite par conséquent pas à l’utilisation de logiciels. Cette confusion qui a marqué le démarrage du BIM laisse encore aujourd’hui des traces dans les esprits : « Nous avons trop longtemps présenté les formations aux outils et aux logiciels comme des formations BIM, si bien que les gens ont assimilé le BIM à un logiciel, a regretté Julien Mercier, Dirigeant d’IM-PACT. Ils pensent savoir « faire du BIM », mais pour eux, ça se limite à l’utilisation de logiciels, sans qu’ils intègrent la dimension de collaboration, ni les enjeux de data. »
… les savoirs-être et l’exigence de solidarité
La priorité donnée – à tort – à la formation technique explique aujourd’hui une légère baisse de la demande sur cet aspect, car, « dans les bureaux d’études, qui forment l’essentiel de nos clients, les personnels commencent à bien maîtriser les outils, a considéré Frédéric Larrive, directeur IPTIC. Ils ont aussi, surtout les jeunes, une forte capacité à s’auto-former. Mais il faut maintenant tendre vers des formations sur la façon de travailler et sur les attentes des clients. » Dans un esprit « de partage de connaissances et de solidarité entre les acteurs », pour reprendre les mots de Julien Mercier. « C’est pourquoi nous demandons à notre AMO BIM d’accompagner les différents acteurs, tout au long des projets, a confirmé Gilles Bereta, justement dans cet esprit de solidarité et de coopération. »
Partager et moduler ses attentes
Pour un maître d’ouvrage public, la question de la traduction de ses besoins en BIM dans ses marchés est devenue cruciale, à la fois pour garantir que les intervenants seront à la hauteur de ses ambitions et pour veiller à ne pas laisser trop d’acteurs sur le bord du chemin. La Charte BIM dont s’est dotée la Région est à cet égard l’une des pièces maîtresses des appels d’offre : « Elle fixe nos objectifs BIM, a précisé Gilles Bereta, mais elle ne suffit pas, il faut ensuite réussir à l’adapter à chacun de nos projets, grâce à un cahier des charges BIM spécifique à chaque opération. » Du sur-mesure en somme.
Le confinement, avant/après
Organisée un mois après la fin du confinement lié à la crise sanitaire du Covid-19, cette table ronde a donné l’occasion aux intervenants de faire le bilan d’une période marquée par le télétravail et le recours indispensable au digital. « La période qu’on vient de vivre impacte le monde de la formation et accélère les mutations, a estimé Frédéric Larrive. On digitalise les formations, avec des classes virtuelles et le souci permanent de maintenir la qualité pédagogique. » Très réactif pour proposer des formations aux salariés en baisse d’activité, « l’OPCO ATLAS a été le premier OPCO à mobiliser des financements et faciliter des offres de formations facilement digitalisables, pour les salariés », s’est félicité Antoine Château. A plus long terme, la question est de savoir si les chefs d’entreprise vont intégrer les besoins nouveaux de formation à leur indipensable stratégie de reprise.
Aujourd’hui et demain : quelle est l’offre de formation ?
Formation initiale : est-on au niveau ?
Si la France a pris du retard par rapport aux pays anglosaxons et asiatiques, Antoine Château considère qu’elle a les moyens de rebondir. « Un vrai travail sur les méthodes pédagogiques a été fait, a noté le délégué régional de l’OPCO-ATLAS. Les jeunes sont davantage formés en mode projet, selon la pratique en entreprises. On est sur la bonne voie, à condition que l’application suive. » D’où l’intérêt de l’alternance, un mode d’apprentissage qui permet d’appliquer tout de suite ce qu’on a appris en classe et de faire ainsi bénéficier les entreprises de compétences BIM fraîchement acquises. Même sentiment du côté de Frédéric Larrive de l’IPTIC : « Les grandes écoles ont fait des efforts sur la pédagogie, les étudiants sortent de formation initiale avec un très bon niveau, y compris dans leur façon de travailler en mode projet. »
Cas d’école : le lycée Pierre- Joël Bonté
La formation post-bac proposée par le lycée Pierre-Joël Bonté, près de Clermont-Ferrand constitue aux yeux de Gilles Bereta un exemple de bonne pratique : « Elle ne forme pas seulement aux outils, mais donne aux étudiants un aperçu sur tout le process, a vanté le fonctionnaire. Et dans leur système de notation, il y a non seulement une grille sur le savoir-faire, mais aussi sur le savoir-être. » Écoute, capacité de concentration, ces « soft-skills » indispensables au quotidien d’une équipe BIM y sont valorisées. Une leçon à retenir, selon Gilles Bereta : « Un BIM manager doit savoir communiquer, faire comprendre les processus, il faut donc que les formations valorisent les savoir-être. »
La formation continue, rouage incontournable
Opérateur de compétence de la branche BETIC, l’OPCO Atlas accompagne les TPE/PME pour l’identification des formations dont elles ont besoin. Depuis 2012-13, l’organisme (autrefois dénommé Fafiec) finance des formations sur le BIM dans le cadre du plan TPE-PME. D’abord axées sur la sensibilisation, l’appropriation des outils et des méthodes de travail, les sessions proposées s’orientent de plus en plus vers le management du BIM. Spécialisé dans les métiers de l’ingénierie, l’IPTIC, l’organisme de formation affilié à la Fédération Cinov, a, de son côté, constaté une accélération des demandes de formation sur la méthode collaborative et les problématiques d’interopérabilité. « Il faut aller interviewer le chef d’entreprise sur sa stratégie, a fait remarquer Antoine Château, pour être en mesure de lui proposer des formations techniques, mais aussi commerciales, pour aller récupérer des marchés, ou encore managériales. » Un panel de besoins aussi large que les entreprises sont diverses.
On ne veut pas laisser sur
le bord de la route les artisans et
les TPE ; mais si les gens ne se
forment pas, ils se couperont d’euxmêmes
de certains projetsGilles Bereta, responsable de l'unité
Notre action phare dédiée
aux TPE/PME a permis de former au
BIM plus de 1500 salariés en 2019Antoine CHATEAU, délégué régional Auvergne-Rhône- Alpes de l’OPCO ATLAS