Moteur en matière de nouvelles technologies, la Ville de
Rennes a souhaité expérimenter le BIM pour construire
l’extension de son conservatoire, située au sud de la
métropole. Cette opération d’envergure, comprenant un
auditorium, des salles de cours, un pôle de formation,
devait être livrée en février 2021.
REXNantes
Les outils du BIM mobilisés
Le maître d’ouvrage ayant non seulement fourni un premier cahier des charges, jugé « très ambitieux » par Pierre David, BIM manager chez TETRARC Architecture ; mais aussi fixé des objectifs numériques pour le permis de construire, le DOE et l’exploitation-maintenance, le maître d’oeuvre a dû s’équiper et se former. Accompagné par le bureau d’études OTEIS, le cabinet d’architecte a ainsi pu livrer une maquette numérique dès la phase APD, puis il a procédé à des revues de maquette hebdomadaires en phase de préparation du chantier. Quant à l’entreprise ISORE Bâtiment, elle a fourni à ses chefs de chantier une tablette pour qu’ils puissent visualiser, sur le terrain, la maquette.
Contraintes rencontrées et solutions apportées
En phase d’appel d’offre, les entreprises ont dû intégrer les dépenses liées au BIM ce qu’elles n’avaient pas anticipé. « Nous avons donc demandé que ces coûts soient isolés dans l’appel d’offre, a expliqué Pierre David. Ils ont été pris en charge par le maître d’ouvrage. » Le cabinet d’architecte a également évoqué les difficultés liées à son manque d’expérience dans le maniement des logiciels : « Au fur et à mesure, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait modéliser différemment et que l’apparence de simplicité était trompeuse ! » Enfin, cette première expérience a fait prendre conscience à la maîtrise d’oeuvre de la nécessité de rester vigilant sur l’exigence architecturale : « Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de conflits que la synthèse est réussie, a souligné Pierre David, ce n’est pas parce que les réseaux ne se touchent pas qu’ils sont architecturellement corrects ! » Pierre Laruaz, dirigeant d’ISORE Bâtiment, note de son côté que le temps consacré à la phase de préparation n’est pas un temps perdu, « puisqu’on le regagne ensuite » et que les freins parfois constatés pourront être levés « quand toutes les entreprises se seront mises au BIM ! »
Quels bénéfices au final ?
Enthousiaste, Pierre David a confié sans détour qu’ « il ne retravaillerait plus jamais comme avant ! », le BIM lui ayant dégagé « plus de temps pour faire de l’architecture. » En phase de préparation, les maquettes « archi » et « gros oeuvres » permettent, tout d’abord, de travailler les interfaces et de modifier rapidement ce qui ne fonctionne pas. Face à un projet architectural complexe, disposer de la maquette a été très utile « pour que les compagnons se fassent une idée claire du projet global, a insisté Pierre Laruaz. Ou encore pour que le chef de chantier puisse visualiser sur sa tablette les mises à jour successives, ce qui réduit l’aléa lié à l’utilisation des bons plans. » Enfin, la maquette BIM a permis aux équipes d’ISORE Bâtiment de préparer avec précision les commandes de matériaux pour la réalisation des façades (types de panneaux, surfaces de laine de verre, nombre d’équerres). « C’est un gain de temps, a conclu Pierre Laruaz, mais c’est aussi un moyen d’éviter le gaspillage de matériaux. »
Les acteurs du projet
Maître d’ouvrage, la Ville de Rennes a joué un rôle moteur pour
que cette opération soit menée en BIM. Si le cabinet TETRARC
Architecture, basé à Nantes, a profité de l’occasion pour se roder
à cette nouvelle technologie, le bureau d’études OTEIS et la
PME ISORE Bâtiment, spécialisée dans l’isolation thermique par
l’extérieur, ont, quant à eux, partagé leur expérience en la matière.
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ Limiter les clashs de réseaux
+ Plus de temps pour le geste architectural
+ Meilleure visualisation du projet par les
compagnons sur le chantier
+ Actualisation des plans plus fiables
+ Commande de matériaux plus précise
LES -
- Coûts au depart
- Gestion du temps à faire évoluer
UNE QUESTION DE LA SALLE
Quelle est la phase d’étude la plus pertinente pour engager une
maquette BIM ?
Le plus vite possible, selon Pierre David. Si elle est là dès la phase esquisse,
il n’y a plus alors qu’à la renseigner ensuite. » Même sentiment de la part
de Rami Chetoui, BIM Manager chez CUB Architecture : « Le process de BIM
est avant tout un acte évolutif, il faut donc démarrer tôt et faire évoluer la
maquette. »