Relever le défi de la transition numérique : un enjeu de filière pour les acteurs de la construction
E-conférence : Evolution de l'ingénierie liée à la transition numérique
Le mardi 16 février la Fédération Cinov organisait une e-conférence sur le thème de la transformation numérique, cette dernière a permis de cerner les enjeux des mutations en cours, pour les métiers de l’ingénierie.CybersécuritéBIMTable rondeParis« Avec l’agriculture, le secteur de la construction fait partie de ceux qui sont, en France, les moins digitalisés », tel est l’un des constats dressés par l’« Etude sur l’évolution des métiers de l’ingénierie liée à la transition numérique » commandée par la Fédération Cinov et l’OPCO Atlas. Ce retard, qui s’explique, d’après l’étude, par un manque de stratégie et de visibilité sur les enjeux de l’avènement du digital, fait peser des risques sur l’avenir de l’ingénierie, comme l’a expliqué Antoine Dubois, directeur du cabinet ATAWAO, qui a réalisé l’étude : « Nous avons construit trois scénarios, l’un optimiste, si les professionnels de l’ingénierie arrivent à intégrer de l’expertise sur le traitement de la donnée à très grande échelle ; l’un pessimiste, si la compétence est au contraire déployée directement par les maîtres d’ouvrage, les constructeurs ou d’autres acteurs de la chaîne. Enfin, un scénario médian selon lequel les différents métiers développeront des compétences complémentaires. » En embuscade, l’arrivée de nouveaux acteurs, extérieurs à la construction, tels les américains Katera ou Amazon, inquiète les pionniers de la branche, qui redoutent une « ubérisation » de leur activité.
Fédérer au profit d’une stratégie globale
Face à ces évolutions, avec leurs risques et leurs opportunités, la Fédération Cinov multiplie les interventions auprès des pouvoirs publics et des organismes de formation pour garantir l’adaptation du secteur aux enjeux de la digitalisation. « Il n’y a pas de fatalité, a ainsi relativisé Julien Mercier, vice-président de la Fédération Cinov, en charge de l’innovation et de la prospective. Il y a bien un risque que des plateformes viennent ubériser nos métiers, mais je n’y crois pas beaucoup, car nous avons des compétences métiers à valoriser. Si nous sommes capables de bâtir une stratégie globale, avec les maîtres d’ouvrage, les constructeurs, les éditeurs de logiciels... nous saurons nous métamorphoser et relever le défi. »
A condition de développer des synergies, notamment avec les nombreuses start-ups qui, après avoir mis leur expertise au service des grands groupes, cherchent aujourd’hui à travailler avec les TPE et les PME : « Pour les TPE, la transformation numérique et la perspective de voir arriver de nouveaux acteurs sont des questions qui peuvent être lointaines, a analysé Antoine Thuillier, associé au sein d’IMPULSE Partners. Elles ont intérêt à se faire accompagner et à réfléchir collectivement, en construisant une stratégie globale, qui prenne en compte tous les objectifs de performance environnementale, énergétique et digitale. C’est ainsi que la filière se transformera. »
Garantir la montée en compétences des acteurs
Si le manque de moyens financiers peut constituer un handicap à l’échelle française, face à la concurrence des géants du numérique qui sont capables de lever des milliards pour investir dans la construction 3.0, la capacité du secteur à monter en compétences apparait aussi aujourd’hui comme l’une des réponses aux questions posées. « C’est pourquoi nous travaillons avec l’OPCO Atlas, a indiqué Julien Mercier. Nous faisons remonter du terrain les compétences et les profils attendus, pour que les formations répondent aux besoins de la réalité opérationnelle. » « La conception assistée par ordinateur et le BIM arrivent en tête des demandes de formation des entreprises de l’ingénierie », a témoigné Matthieu Carrier. Directeur ingénierie et innovation à l’OPCO Atlas, ce dernier identifie trois axes de progression, pour l’ingénierie, en matière de transformation numérique : la transition énergétique, la digitalisation des processus et le développement de l’intelligence artificielle. « Avec derrière ces trois axes, les enjeux de cyber sécurité », a souligné Matthieu Carrier.
Cyber sécurité
La sécurité, justement, fait partie des problématiques abordées par les internautes qui ont suivi l’e-conférence : « Un des gros problèmes de cette massification des données, construite par couches dispersées, c’est la sécurité, a ainsi noté une participante. Comment résoudre le problème des vulnérabilités des systèmes ? »« C’est bien la crainte de tout le monde, a reconnu Antoine Thuillier. Ce qui exige de travailler sur la cybersécurité dès la maquette BIM, qui peut être une porte d’entrée pour un hacker. »
De la conception à l’exploitation, la sécurité des données est un sujet à prendre très au sérieux, comme en témoigne l’actualité récente qui a vu des hôpitaux bloqués par des cyber-attaques.