À Lille, le REX BIM Tour franchit sa dernière étape
Lancé en 2018 par la Fédération Cinov, le REX BIM Tour a marqué son dernier arrêt à Lille ce jeudi 10 mars. Cette treizième séance en présentiel – 17ème si on compte les éditions virtuelles – était consacrée aux bénéfices environnementaux du BIM.LilleTransitions2022
Améliorer la performance énergétique des constructions, privilégier l’usage de matériaux biosourcés, favoriser une plus grande sobriété d’exploitation ou encore anticiper la fin de vie des bâtiments et le recyclage de leurs composants, telles sont les principales ambitions durables que le BIM peut permettre d’atteindre.
Comment ? « Pour la construction du musée en plein air de Villeneuve d’Ascq, a donné pour exemple Rémi Montorio, responsable BIM/CAO-DAO, à la Métropole Européenne de Lille (MEL), la maquette BIM permet de faire des simulations de construction, d’analyser les options constructives, mais aussi de s’intéresser au cycle de vie du bâtiment, grâce à un suivi régulier d’indicateurs, et de contribuer ainsi au Plan Climat Air Énergie de notre territoire ».
Concrètement
Quand les architectes testent de nouveaux choix de matériaux, comme la paille, ils utilisent la maquette BIM pour évaluer les performances énergétiques comparées, sans avoir à tout remodéliser. En phase d’exploitation-maintenance, la maquette BIM a aussi des vertus écologiques, puisqu’elle offre les moyens de suivre un grand nombre d’indicateurs énergétiques et électriques. C’est d’ailleurs le rôle des « énergies managers », que forme Julien Chamoin, enseignant-chercheur à HEI : « Nous adaptons nos formations pour répondre aux besoins des entreprises de demain, a insisté l’intervenant, avec des formations tournées sur la conception, le chantier et la smart city ». Cette approche intègre aussi les préoccupations de l’économie circulaire : « Grâce au BIM, je peux savoir le pourcentage de matériaux réutilisables de chaque construction et par conséquent la possibilité de les recycler », a expliqué Julien Chamoin. Efficace, l’outil a même été jugé indispensable par certains pour assimiler la complexité réglementaire introduite par la RE 2020.
La preuve par l’exemple
Accueilli par l’école Junia, à Lille, le REX BIM Tour s’est de fait déroulé au sein d’un bâtiment exemplaire en matière de collecte et de valorisation de la data, via la maquette BIM. Mené entre 2018 et 2020, le chantier de rénovation de cet ensemble architectural de caractère a par conséquent fait l’objet d’un des deux retours d’expérience de cette édition du REX BIM Tour. « L’objectif de l’opération était de lier maquette numérique et gestion globalisée du bâtiment », a indiqué Michael Hutin, directeur général d’Ambismart, un bureau d’études spécialisé dans le bâtiment intelligent. Avec le projet de déployer ensuite le principe à l’échelle de toute l’université catholique de Lille : « Nous pouvons sur la maquette les zones où les fenêtres sont ouvertes, là où les pièces sont occupées, a précisé Grégory Vangreveninge, responsable technique des démonstrateurs, chez Junia. En réalité, la dimension BIM et Smart building de ce bâtiment a constitué un testpour nous, pour ensuite passer du « smart building » au « smart campus », en collectant toute une gamme de données d’utilisation, telles que la température, la ventilation, l’éclairage... » Avec à la clé, une optimisation des consommations, dans une double démarche économique et écologique.
Le BIM à la portée de tous
Plus largement, c’est la démarche BIM, dans sa dimension collaborative, qui a été vantée par les différents participants au REX BIM Tour, maîtres d’ouvrage, entreprises, bureaux d’études, start-ups. Basée sur le partage des données, celle-ci intéresse tous les contributeurs à l’acte de construire, quelle que soit leur taille. Si à l’échelle de la Métropole Européenne de Lille, il s’agit d’engager le territoire dans une démarche environnementale collective, au service d’un « urbanisme durable », à une plus petite échelle, ce sont tous les acteurs, de l’artisan aux majors du BTP qui peuvent profiter du BIM comme d’un tremplin pour progresser vers des pratiques environnementales plus vertueuses. Car, comme l’a souligné Pierric Jourdain, chef de projet BIM & SmartBuilding, chez CD2E, « il faut communiquer sur le fait que le BIM c’est avant tout de la data, qui ne nécessite pas forcément une maquette numérique ». Savoir que dans un grand nombre de situations des fichiers Excel peuvent suffire, voilà qui devrait permettre d’embarquer le plus grand nombre dans l’aventure du BIM, pour plus d’efficience et plus de résilience.